Du couvent au harem, s’est toujours exprimé le désir de voiler les corps, de les priver de leurs qualités sensibles, de les réduire au silence. Cachés derrière le voile, qu’on dit symbole de modestie et de pudeur, dociles et anonymes, les corps peuvent se retirer du monde et s’effacer. C’est ainsi qu’on rentre dans les ordres et dans l’ordre, et qu’on se fond dans l’univers des signes.
Il y a au contraire dans cette série une obstination à exalter le corps et à dénoncer ce qui l’occulte. Des détours variés sont empruntés pour l’exposer et le surexposer. L’utilisation des artifices techniques et technologiques (superpositions d’images, allongement des temps de pose, degré de pixellisation, réfraction de la lumière..) laisse apparaître une sorte de flou suggestif comparable à celui que les étoffes opposent aux regards. Ainsi est matérialisé le jeu subtil qui se noue entre voilement et dévoilement et qui témoigne de la présence du corps comme objet nourrissant la représentation de soi.